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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 13:33

Apprendre la maladie d’un proche est difficile à supporter. Surtout quand on sait que cette affection est incurable et entraîne beaucoup de désagréments. Plusieurs personnes atteintes de l’insuffisance rénale ont été abandonnées par leurs conjoints.

Françoise Kablan presse le pas pour regagner le Centre hospitalier et universitaire (Chu) de Cocody. Déclarée insuffisante rénale depuis 2007, elle vient à l’hôpital ce samedi 24 septembre pour sa dernière séance de dialyse de la semaine. Elle est venue de Dabou où elle réside désormais. Rien dans son attitude ne laisse penser au drame social que lui cause sa maladie. C’est avec une bonne humeur qu’elle s’approche des vigiles qui semblent bien la connaître, vu l’accueil chaleureux qu’ils lui accordent. Pourtant, derrière toute cette joie de Françoise, se cache une grande misère. Sa maladie a fait basculer sa vie soudainement. Ne supportant plus les épreuves de son mal, son compagnon s’est séparé d’elle. Vivant en concubinage depuis cinq ans, tout était parfait dans leur couple.

Il retourne sa veste

«En 2006, il est allé me doter chez mes parents et c’est par la suite que je suis venue vivre avec lui à Marcory », explique la femme. Le mariage a été fixé au samedi 21 octobre 2006 à 10 heures à la mairie de Marcory. «  Malheureusement, bien avant, je suis tombée malade. J’avais des difficultés à respirer. Après plusieurs examens, les médecins ont découvert que je souffrais d’une insuffisance rénale». Un coup dur ! Ce­pen­dant la première réaction de son mari est prometteuse. «  Il m’a demandé d’être forte et qu’on allait lutter ensemble ». Commence alors le traitement. Il lui faut trois séances de dialyse par semaine à raison de 5 heures par séance. L’insuffisance rénale est en effet un dysfonctionnement des reins qui n’arrivent plus à assurer le nettoyage du sang de passage. Chargé de déchets, ce sang alourdit tout le reste de l’organisme et le malade va droit à la mort s’il ne fait pas à temps une hémodialyse qui correspond à un nettoyage artificiel du sang. Chaque séance coûte en moyenne 150.000 F dans le privé. Le coût est subventionné dans les unités publiques où il s’élève à 2500 F. Mais, c’est toujours onéreux pour un ménage modeste comme celui de Françoise. Surtout qu’au prix de la dialyse s’ajoute les frais de transport et qu’il faut effectuer le déplacement au moins trois fois par semaine. Il faut aussi faire face régulièrement à d’autres maladies provoquées par l’insuffisance rénale. Seul à payer, le conjoint a fini par craquer. Il se faisait de plus en plus rare au domicile conjugal : « souvent, il ne rentrait pas du tout et comme je dépendais financièrement de lui, c’était pénible pour moi. Un jour, il m’a dit qu’il n’en pouvait et qu’il voulait qu’on se sépare ». Meurtrie, Françoise était obligée de rejoindre ses parents à Dabou. Et aujourd’hui, sa vie se résume à lutter contre sa maladie. Son seul rêve, avoir un jour les moyens d’aller faire une greffe en Europe. Et son plus grand regret est de ne pas pouvoir enfanter. La grossesse constitue en effet un gros risque pour la femme malade des reins. Par ailleurs, depuis qu’elle fait la dialyse, elle n’a plus de menstrues. Selon elle, l’interdiction de la grossesse aux femmes atteintes de l’insuffisance rénale n’a pas été la vraie raison de sa séparation d’avec son compagnon.

Le cas d’un néphrologue

« Il ne se voyait pas vieillir à mes côtés sans assurer sa descendance. Il ne l’a pas dit directement, mais c’était perceptible dans son regard et son comportement. Ce désir est transparent. C’est un homme qui aime bien les enfants. Quelle solution allait-il me proposer en restant à mes côtés ? », s’interroge la malade. André Taho, le président de l’Association Ivoire des dialysés et insuffisants-rénaux (Aidir), indique que ce type de cas est fréquent. Des femmes et des hommes sont abandonnés parce qu’ils sont malades. Nous sommes entrés en contact avec d’autres personnes dans ce cas. Elles ont fini par se rétractées. Mais les dialysés ne souffrent pas que des problèmes conjugaux. Selon plusieurs témoignages, il est difficile pour ces malades de s’entretenir la peau qui devient flasque à cause des nombreuses dialyses. Plusieurs malades ont aussi sur leur corps des ganglions provoqués par les seringues. « J’ai recours à beaucoup de produits cosmétiques dans l’espoir de rester belle. Peut-être que Dieu mettra un jour sur mon chemin un homme qui m’aimera avec ma maladie », espère Françoise. Dans la kyrielle de cas, il y a celui de M.B., lui-même néphrologue (médecin spécialiste des maladies du rein). Il a vécu pratiquement la même histoire que Françoise, mais à une différence près. Il s’est marié très jeune, quand il était encore étudiant. « Tout a commencé par un mal de dent. Ensuite, on a su que je souffrais d’une insuffisance rénale. Nous étions légalement mariés. Mais sous le choc, je n’ai pu informer mon épouse sur-le-champ. C’est deux ou trois jours après que je l’ai fait », se souvient-il. La nouvelle a été mal acceptée par celle-ci. «On a essayé de surmonter la situation. Mais, c’était dur à supporter. Au bout d’un an, nous avons dû divorcer », regrette le toubib qui dit avoir aussi perdu ses amis. C’est pour aider d’autres patients à ne pas connaître le même sort qu’il s’est spécialisé en néphrologie. Il conseille les conjoints des malades. 

S.S (stagiaire)

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