Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 19:45

bolisarko.jpgNeuilly-sur-Seine, à un jet de pierre de la capitale. Commerces chics, bâtiments anciens, haies bien taillées et allées ombragées… C’est dans cette ville cossue de l’Ouest parisien, fief de Nicolas Sarkozy, qu’Entreprendre et réussir en Afrique (ERA), l’association créée par Basile Boli, a établi ses quartiers. Depuis l’annonce des poursuites judiciaires engagées contre l’ancienne star du football français, c’est la loi du silence. Du côté des salariés d’ERA, aucune information ne filtre. Et la porte du 5, rue Boutard, siège de l’association, reste désespérément close. Fermeture estivale ou avis de tempête ?

Même en temps ordinaire, Basile Boli est, selon son entourage, « difficile à joindre ». Alors en ce moment… Mis en cause dans une affaire d’« abus de confiance et recel », il devra fournir au tribunal correctionnel de Nanterre des explications concernant l’utilisation des subventions dont a bénéficié l’association qu’il préside. Placé en garde à vue en novembre 2009, il en était sorti serein, jurant par voie de presse qu’il était « injustement soupçonné ».

Retour en arrière. En août 2007, Basile Boli, qui s’est engagé aux côtés de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle du mois de mai précédent, crée l’association ERA. Objectif : aider les Africains contraints de vivoter en France à monter un projet viable dans leur pays d’origine.

Un mois, à peine, après sa création, l’association conclut un accord avec l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (Anaem), aujourd’hui rebaptisée Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Les deux parties s’engagent par écrit, la première à constituer sept cents dossiers d’aide au retour par an, la seconde à subventionner la nouvelle association à hauteur de 1,89 million d’euros sur trois ans, payables par tranches. D’entrée de jeu, 315 000 euros sont versés, et, conformément à la convention, ERA se met au travail et multiplie les actions de sensibilisation en direction des immigrés. En France, bien sûr, mais aussi dans plusieurs pays africains : Côte d’Ivoire (dont est originaire Boli), Rwanda, Sénégal. Ambitieux, Boli entre en contact avec les autorités congolaises et met en place un projet de « sommet » sur ce thème, à Brazzaville… qui restera lettre morte.

Le temps se gâte

Trois mois plus tard, à l’issue d’un audit de routine, les premiers nuages apparaissent. Sans renoncer à verser la deuxième tranche de sa subvention – un peu plus de 300 000 euros –, l’Anaem invite l’association à mettre de l’ordre dans sa gestion. Autrement dit, à mieux maîtriser ses dépenses. Au deuxième audit, le temps se gâte vraiment : l’Anaem suspend le versement des subsides et diligente une enquête plus poussée.

En novembre 2008, les conclusions du rapport sont accablantes : gestion approximative, fonds mal utilisés, frais de fonctionnement supérieurs aux recettes… Quant au nombre de dossiers d’aide au retour, il n’atteint pas les sept cents prévus. Le contrat est dénoncé et, dans la foulée, une enquête ouverte par la Brigade de répression de la délinquance économique.

Si, dans un entretien accordé à L’Équipe Magazine au mois de janvier dernier, Basile Boli reconnaît que certaines initiatives d’ERA n’entraient pas dans la convention, il assure que les fonds ont été utilisés dans le cadre de projets d’aide au développement. Sa bonhomie et son enthousiasme l’auraient-ils conduit à quelques faux pas ? « Peut-être, glisse l’un de ses amis, mais ce n’est certainement pas un voleur. » Reste à l’ex-footballeur à convaincre les juges (la date de sa comparution n’est pas encore fixée). Il est passible de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.

Une vidéo de Seth Koko pour votre réflexion du jour


 

 

Inscrivez-vous dans la newsletter et Soyez le premier à visualiser nos prochaines vidéos.


Partager cet article
Repost0
17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 13:21

guillaume-soro-g-laurent-gbagbo-d-2009Au pays sans élection, seul le business à droit de cité. Les opérateurs français sont vent debout pour préserver leurs parts de marché sur la Lagune (plus de 15%, contre 2% en moyenne dans le reste du monde). Même les Chinois n’ont pas encore réussi à accoster à Abidjan. La France dispose en Côte d’Ivoire d’un champ tricolore de 140 filiales de grands groupes (Bolloré, Bouygues, CFAO, Boccard, Veritas, Sanofi-Aventis…) et 500 PME-PMI de droit local. Troisième débouché au sud du Sahara, le pays reste également le premier marché de la zone franc, devant le Sénégal. L’an dernier, Paris a dégagé un excédent commercial de 150 millions € grâce aux exportations de biens d’équipement. Une position qui explique un soutien massif au régime de Laurent Gbagbo, pour ne pas gripper la machine à sous. Ainsi, en février 2008, le Trésor français a accordé un prêt relais de 225 millions $ pour le remboursement des arriérés dus à la Banque mondiale. De quoi faciliter la défense du dossier ivoirien auprès de Washington. En mars 2009, deuxième décaissement majeur de Bercy : 200 millions $ pour apurer les créances de la Banque africaine de développement (BAD). Quelques mois plus tard, le Club de Paris (créanciers publics, dont la France) concédait un premier allègement de dette en libérant 455 millions $. Pour le business hexagonal, qui représente un tiers du PIB ivoirien, le meilleur est à venir, au risque de faire sauter le tabou sur l’aide liée. Sur les 6 100 milliards F CFA de la dette ivoirienne, la créance de la France atteint 2 700 milliards (5,1 milliards €) ! Un pactole qui passera en 2011 à l’ardoise magique du PPTE (pays pauvres très endettés). Une partie de l’annulation de la dette bilatérale française sera reconvertie en C2D (contrat désendettement-développement) pour des projets d’infrastructures et la relance du business français. De quoi mieux comprendre l’euphorie du ministre ivoirien de l’économie et des finances, Charles Diby Koffi, le 1er juillet à Paris, devant les hommes d’affaires français mobilisés par Ubifrance. Avec la Banque Lazard comme conseiller financier et BNP Paribas comme chef de file du Club de Londres, Diby était en lévitation au sommet de la Tour Eiffel !

Une vidéo de Seth Koko pour votre réflexion du jour


Inscrivez-vous dans la newsletter et Soyez le premier à visualiser nos prochaines vidéos.

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 21:19

visas_article.jpgLa-Croix.com - Un rapport rédigé par la Cimade pointe la lenteur et l’opacité des procédures de délivrance de visas pour la France, en particulier dans les pays africains.

Ils racontent les attentes qui s’éternisent, le flou des documents à fournir, le coût des formalités qui augmentent et les refus sans explication… Pour les deux millions de personnes étrangères qui font chaque année une demande de visa français, le premier contact avec l’administration relève bien souvent du parcours du combattant.

« Un univers kafkaïen », n’hésite pas à dire la Cimade, qui présente pour la première fois un rapport sur la délivrance des précieux sésames dans les consulats et ambassades français.

Un système mal connu et évalué

Alors que la gestion des visas devient un outil de plus en plus important dans la politique de contrôle de l’immigration, le système demeure très mal connu et évalué. Pourtant, sur le terrain, le mécontentement monte, comme le prouve le nombre de recours devant le Conseil d’état, passé de 170 en 2003 à 900 en 2008.

Et dans les deux tiers des cas, cette saisine aboutit. « Nous avons senti depuis quelques années cette préoccupation monter dans notre pays, explique Jérôme Martinez, le tout nouveau secrétaire général de la Cimade. Beaucoup de Français éprouvent les pires difficultés à faire venir un mari ou une femme et nombre d’étrangers doivent renoncer à revoir un proche parce que les consulats exercent des contrôles de plus en plus contraignants. »

La situation des visas est certes très contrastée selon les zones géographiques. Dans tous les pays où il existe un « risque migratoire », c’est-à-dire principalement au Maghreb et en Afrique subsaharienne, le constat est « accablant » soulignent les auteurs du rapport, qui ont effectué six missions sur le terrain. Au Sénégal, au Mali, en Algérie, au Maroc, mais aussi en Turquie et en Ukraine.

Entre opacité et lenteur des procédures

La première critique concerne l’opacité et la lenteur des procédures. Concernant les pièces à fournir, « les consulats établissent eux-mêmes les listes sans aucun encadrement législatif », relève le rapport. Par exemple, l’ambassade du Mali exige des justificatifs relatifs aux ressources ou au logement d’un conjoint vivant en France. De plus, alors que le délai moyen d’obtention du document est de 12 jours, certains candidats au départ doivent attendre des mois sans que l’administration n’encoure la moindre sanction.

Dans de nombreux pays, les autorités sous-traitent à des opérateurs privés une partie de l’instruction. En Côte d’Ivoire, il faut par exemple se rendre dans une banque et payer 5 000 francs CFA (7,65 €) une carte à gratter qui donne un code personnel d’appel. « Il faut ensuite dépenser des fortunes à patienter et se perdre sur un serveur vocal », témoigne un Ivoirien dans le rapport.

« Les demandeurs peuvent n’avoir jamais affaire à un agent du consulat », souligne le document. Autre élément de critique, le coût des formalités qui ne cesse d’augmenter. 60 € pour un visa court séjour et 99 € pour un visa long séjour. Or, souligne la Cimade, les sommes ne sont pas remboursées en cas de refus.

Des frais excessifs pour les demandeurs

« Les frais versés par les demandeurs seraient bien supérieurs au coût réel de l’instruction des dossiers », souligne le rapport qui estime qu’en 2007, l’activité des visas a rapporté 29 millions d’euros à la France. « Il est bien entendu qu’il n’existe pas de droit au visa, commente Jérôme Martinez. Tous les États conservent légitimement la possibilité de refuser la délivrance d’un titre. Mais ce qui est inacceptable, c’est l’absence de règles, de transparence. La question des visas est un véritable trou noir dans notre droit. C’est d’autant plus choquant que les ambassades ont acquis ces dernières années des prérogatives de plus en plus importantes dans la politique de contrôle de l’immigration. »

Depuis plusieurs années, les autorités françaises ont pourtant pris plusieurs initiatives pour améliorer le dispositif, y compris avec les pays où le risque migratoire est élevé. Elles développent par exemple les visas de circulation, qui permettent à un citoyen étranger de faire plusieurs courts séjours en France pendant une durée de cinq ans, sans avoir à renouveler à chaque fois les démarches. Ces visas de circulation ont presque doublé en dix ans (350 000 délivrés en 2008) selon les statistiques du gouvernement.

La France a aussi passé plusieurs accords de gestion concertée des flux migratoires avec des états africains. En échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières, leurs ressortissants bénéficient d’une réduction des frais de visa. Le ministre de l’immigration Éric Besson a également simplifié, depuis septembre, la situation des titulaires d’un visa long séjour qui n’ont plus besoin de refaire des démarches une fois arrivés en France pour obtenir un titre de séjour.

Les consulats, ces forteresses

En dépit de ces réformes, la délivrance des visas demeure un sujet de colère dans les pays africains où les consulats français sont devenus des « forteresses », estime Jérôme Martinez. Le ressentiment à l’égard de la France est d’autant plus fort que le trafic des documents est fréquent. En 2007, le rapport du sénateur UMP Adrien Gouteyron, l’un des très rares travaux sur le sujet, estimait que les « cas avérés de corruption sont fréquents » autour de la délivrance des visas. « Rares sont les consulats épargnés », insistait le sénateur.

Le rapport de la Cimade conclut cette enquête par une série de 13 propositions pour améliorer la politique de délivrance des visas. Il suggère notamment de fixer des « critères limitatifs sur lesquels peut se fonder un refus » de l’administration française.

Bernard GORCE

Partager cet article
Repost0
16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 15:01

sekoubakonateDans un communiqué lu devant la presse, Foumba Kourouma, le président par intérim de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a fermement rejeté les rumeurs sur le report du scrutin du 27 juin, dont une partie de la presse guinéenne, s'est fait l'écho, la semaine dernière. " La Ceni informe le peuple de Guinée que conformément aux accords de Ouagadougou, elle s'engage à respecter la date du 27 juin 2010 pour la tenue de l'élection présidentielle ", a annoncé Foumba Kourouma. " La Ceni tient aussi à rappeler que le chronogramme qu'elle a élaboré est en train de suivre harmonieusement son cours ", a fait savoir ce dernier. Pour qui, sa structure " maîtrise parfaitement les problèmes d'organisation et de logistique qui lui incombent ", à moins de deux semaines de la date de l'élection. Il a assuré " toutes les parties prenantes à cette élection capitale " sur la fiabilité et la crédibilité du scrutin.
Enfin, il a invité " le peuple de Guinée à la sérénité face aux rumeurs qui sont de nature à perturber sa marche pour le progrès démocratique ".
Hier, à la toute nouvelle maison de la presse de Kaloum, comme pour dire qu'elle est à une autre étape du processus électoral, la Ceni a dévoilé son plan de sécurisation du scrutin et de transmission des résultats et des procès verbaux. La conférence a été prononcée par le colonel béninois Siaka Sangaré, expert en sécurisation et transmission des résultats électoraux et M Pathé Dieng, directeur des Opérations de la CENI. La semaine dernière, des rumeurs avaient couru dans la capitale guinéenne, parvenues dans plusieurs villes africaines, dont Abidjan (capitale de la Côte d'Ivoire) faisant croire que l'élection présidentielle en Guinée serait reportée par la faute des organisateurs. Les Guinéens sont appelés à choisir le premier président démocratiquement élu pendant une compétition électorale ouverte et libre, de son histoire politique.
Vingt-quatre candidats sont en lice.

Dadis réapparaît en Guinée

Le capitaine Moussa Dadis Camara est réapparu, dimanche, à la télé nationale. Il a prononcé un discours depuis Ouagadougou capitale du Burkina Faso) où il réside pour raison de convalescence, depuis le début de l'année. " Je forme le vœu pour que les premières élections démocratiques dans notre pays se déroulent dans un climat de paix et de concorde nationale ", a-t-il déclaré. " J'ai décidé de m'adresser à vous depuis Ouagadougou où je poursuis ma convalescence à la veille des consultations électorales devant conduire au choix de notre prochain Président de la République. Je forme le vœu pour que les premières élections démocratiques dans notre pays se déroulent dans un climat de paix et de concorde nationale, gage de la stabilité et du renforcement du tissu social ", a déclaré l'ex-homme fort de Conakry, d'une voix encore hésitante. Il a énoncé un autre souhait. Celui que " les consultations électorales à venir se déroulent dans un climat d'apaisement et de quiétude et qu'elles offrent à la Guinée l'occasion véritable de se réconcilier avec tous ses fils pour le plus grand bonheur de chaque Guinéen et chaque Guinéenne ". Le toujours président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), le capitaine Moussa Dadis Camara, rappelle qu'il n'est pas " candidat à ces élections ", de même qu'il " réaffirme ici n'avoir aucun candidat à soutenir encore moins à recommander ". Apparemment affaibli, le président Dadis, comme ses supporters (très discrets) continuent de l'appeler, a parlé de son état de santé : " Comme vous le savez, six mois se sont écoulés depuis le malheureux attentat perpétré sur ma personne en date du 03 décembre 2009, par la grâce de Dieu le Tout Puissant ma vie a été sauvée et ma santé se rétablit progressivement ". Moussa Dadis Camara a terminé en adressant ses félicitations à son " frère d'arme, le Général Sékouba pour le courage et l'abnégation avec lesquels il poursuit l'œuvre de transition politique engagée par le CNDD le 23 décembre 2008 ".
André Silver Konan
Envoyé spécial à Conakry

Une vidéo de Seth Koko pour votre réflexion du jour.

Inscrivez-vous dans la newsletter et Soyez le premier à visualiser nos prochaines vidéos.

Partager cet article
Repost0
7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 12:13
« Il y a eu des malentendus et des regrets » « Nous avons du mal à nous détacher de la colonisation » « La force des armes ne peut jamais suffire à faire la paix » « Ce que je pense des relations France-Côte d’Ivoire »

lundi 7 juin 2010 par TRA BI Charles Lambert

luc-ravel.jpg

Monseigneur, depuis quand êtes-vous Evêque aux Armées françaises ? Mgr Luc Ravel : J’ai été nommé par le Pape Benoît XVI, le 7 octobre 2009. Et j’ai pris mes fonctions après la consécration épiscopale, le 29 novembre 2009. Il y a donc moins de six mois que je suis Evêques aux Armées françaises.
Etre un Evêque aux Armées, comme vous l’êtes, et un Evêque ordinaire, quelle différence y a -t-il ? Mgr L. R : Les Evêques ordinaires sont des Evêques qui ont un territoire, un département, une région à leur charge. Ce sont des Evêques territoriaux. Tandis que moi, je n’ai pas de territoire donné. J’ai une certaine population à ma charge. C’est ce qu’on appelle un diocèse personnel, parce que ma juridiction d’Evêque va vers des personnes. Quelles sont-elles ? Ce sont bien sûr tous les militaires et gendarmes, toutes les forces militaires françaises avec leurs familles. Je suis Aumônier militaire et j’ai un statut de militaire. Je pourrais porter l’uniforme militaire. D’ailleurs, je le porte de temps à autre aussi bien que ma soutane d’Evêque.
Vous êtes également président du Pèlerinage militaire international (PMI) de Lourdes qui est à sa 52ème édition. A quoi répond ce rassemblement militaro-religieux qui a lieu chaque année ici en France, ce depuis plus d’un demi-siècle ? Mgr L. R : Le Pèlerinage militaire international ou PMI, si vous voulez, est né de cette intuition formidable, il y a 52 ans. Nous sommes en 1958, on commence à construire à peine l’Europe et les souvenirs de la guerre sont encore cuisants. Que faut-il faire ? Une idée, celle de faire un pèlerinage à Lourdes. Mais pas seulement avec l’aumônerie française, mais avec toutes les Nations du monde, avec toutes celles qui sont armées. Donc ce qui est vraiment caractéristique de ce Pèlerinage militaire, c’est qu’il est international. A savoir qu’il y a des Nations qui se sont combattues, qui se sont entretuées quelques années avant et qui, aujourd’hui, viennent prier à Lourdes devant le Seigneur. C’est un bon signe pour le monde et c’est formidable.  
Des armées qui viennent prier ici à Lourdes aux pieds de la Grotte de Massabielle continuent, cependant, de se tirer dessus... Mgr L. R : Oui, il faut faire avec tout ça. Mais les choses s’améliorent. Par exemple, nous enregistrons la participation au PMI, depuis quelques années, des Nations armées des pays de l’Est. Tous ces pays qui faisaient partie du front Soviétique, aujourd’hui, on les a parmi nous ici à Lourdes. Slovènes, Croates et autres viennent prier avec d’autres armées pour que cessent les violences et les guerres. Ça, c’est formidable !
La participation de certaines armées africaines au pèlerinage militaire international de Lourdes, qu’est-ce que ça vous dit ? Mgr L. R : Ça me paraît énorme pour plusieurs raisons. D’abord pour eux, c’est un effort considérable, un coût financier, il faut le savoir. Ensuite parce que précisément, dans tous ces pays africains qui viennent prendre part au Pèlerinage militaire internationale de Lourdes, leur armée se consolide. Les démocraties naissent en balbutiant. Parfois, les forces armées sont plus au service d’une personne que d’une Nation. Voir qu’il y a des aumôneries militaires qui commencent à se constituer doucement dans des pays africains, nous en sommes ravis. Je veux dire qu’à travers l’autorité spirituelle des aumôniers, on pourra tous ensemble, en les aidant, aller vers des Nations africaines consolidées, avec des armées africaines qui soient vraiment au service du bien commun.  
L’armée ivoirienne est représentée au PMI de Lourdes depuis 2002, sans discontinuer. Quel sens donnez-vous à la présence des militaires ivoiriens à Lourdes ? Mgr L. R : D’une façon particulière, je me réjouis beaucoup de la participation des militaires ivoiriens au Pèlerinage militaire international qui a lieu ici à Lourdes, notamment en cette période. Parce qu’en ce moment, entre la France et la Côte d’Ivoire, il y a des sortes d’amertumes dues à notre histoire commune. C’est vrai que nous avons du mal, des deux côtés, à nous déprendre, je veux dire à nous détacher du phénomène de la colonisation. Donc il pourrait y avoir entre nous, entre les Ivoiriens et les Français, des amertumes, des regrets ou des malentendus. De voir des Ivoiriens qui disent : ‘’écoutez nous, nous sommes des chrétiens, nous sommes des militaires, nous continuons de faire confiance à la France et nous venons prier à Lourdes’’. Pour moi, c’est un message que nos hommes politiques feraient bien de tous entendre.
Au plus fort de la guerre ivoirienne, Abidjan a dénoncé, je cite, ‘’ l’ingérence et le parti-pris’’ de l’armée française dans le conflit. Comment l’Aumônerie française a-t-elle perçu cela ? Mgr L. R : L’Aumônerie française suit les armées françaises partout où elles se trouvent. Nous sommes intégrées dans les armées françaises de telle sorte qu’il y a toujours eu des Aumôniers français dans les pays où sont déployés les militaires et gendarmes français. Il y en a encore aujourd’hui qui accompagnent les forces françaises présentes en Côte d’Ivoire. Avec toujours la même vocation, qui est de rappeler que nous sommes dans ce pays au service du bien commun et au service de la Nation ivoirienne. Nous ne sommes pas là pour je ne sais quelle emprise, même culturelle ou économique. Nous sommes présents là-bas (en Côte d’Ivoire) d’abord au service des populations. Et cela est très visible en Côte d’Ivoire, au Tchad, en Afghanistan et partout ailleurs où les militaires français sont présents. Nous ne sommes pas dans ces pays africains -là dans un esprit de domination. Nous sommes dans ces pays dans un esprit de service. Nous ne pouvons plus considérer aujourd’hui que les Nations sont indépendantes les unes des autres parce que nous sommes dans une phase in-ter-na-tio-na-le. Et ça, vous devez le savoir vous ! Je vais vous faire une petite confidence. J’ai été retenu il y a quelques jours à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, au bout du monde. Et par quoi ? Eh bien, par un volcan (volcan islandais en éruption) qui se trouve à 25000 Km de là où j’étais et dont les cendres m’ont empêché de prendre l’avion pour regagner Paris. C’est vous dire que nous nous tenons tous dans ce monde. On ne peut plus dire : ‘’ça se passe en Afrique, ça ne nous concerne pas ; ça se passe à Paris, ça ne concerne pas les Ivoiriens.’’
Monseigneur, que peut représenter le Pèlerinage militaire international de Lourdes pour les militaires ivoiriens ? Mgr L. R : La Côte d’Ivoire est en train de sortir petit à petit de la crise qu’elle a connue, en tout cas pour ce que nous apprenons. Je souhaiterais que le Pèlerinage militaire international soit pour les militaires ivoiriens le signe de la construction et de la mise en œuvre d’une aumônerie toujours plus forte et plus présente au sein des Forces de sécurités ivoiriennes. Pour moi, c’est cela le grand message. Je pense que les aumôneries dans les Armées ont toujours été le gage qu’on ne pouvait pas faire n’importe quoi. Deuxièmement, que ce soient les militaires ivoiriens ou français, quand ils sont chrétiens, ils doivent savoir que la force des armes ne peut jamais suffire à faire la paix. La force des armes est nécessaire parfois pour bloquer des spirales de violence, des insurrections, des brigands, des mafias et tout ce qu’on veut. A un moment donné, il faut, peut-être casser des phénomènes terroristes. Et effectivement, seule la violence peut briser les spirales de violence. Mais la violence ne construit pas la paix. Ce qui construit la paix c’est la fraternité entre les hommes. C’est parce que nous mettons d’autres moyens en marche que la violence que nous avons la paix. Je l’ai dit au cours de ce 52ème Pèlerinage militaire international : Nous devons joindre aux armes de fer les armes de lumière. Il faut la prière et la fraternité entre les armées du monde.
Il y a eu un moment de tension entre la Côte d’Ivoire et la France. Les relations entre les Présidents français Nicolas Sarkozy et ivoirien Laurent Gbagbo ne sont pas parfaites... Mgr L. R : Ecoutez, au niveau de l’aumônerie française, cela ne nous a jamais posé aucun problème. Bien sûr qu’il y a des politiques que je ne peux pas ignorer puisque nous sommes au sein de l’Armée. Mais je suis certain d’une chose : c’est que la fraternité entre la France et la Côte d’Ivoire, entre la France et l’Afrique ne doit pas cesser aujourd’hui ni demain. Réalisée à Lourdes (France) par TRA BI Charles Lambert
Source: L'inter
Une vidéo de Seth Koko pour votre réflexion du jour.

Inscrivez-vous dans la newsletter et Soyez le premier à visualiser nos prochaines vidéos.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 15:08
rhdp-opposition-ivoirienne-marche.JPGAux jeunes de l’opposition : « Vos vies me sont chères »

samedi 15 mai 2010 par Y.DOUMBIASuite à la décision du Pdci et du Rdr de reporter la marche des jeunes de l’opposition et face au mécontentement de leurs bases, le président du Pdci, Henri Konan Bédié a jugé nécessaire d’animer une conférence de presse. Hier vendredi 14 mai 2010, à son domicile à Cocody, le président du Pdci a avancé une palette de raisons pour justifier le report de la marche. Entre autres raisons, le doyen des candidats à la présidentielle a relevé le souci de son parti et du Rdr d’empêcher un carnage que préparait le régime en place le jour de la marche. « Le président Ouattara et moi-même avons donc cosigné le communiqué final, non par faiblesse, non par reculade, non par trahison mais dans le souci profond et réfléchi d’empêcher nos jeunes, dignes, volontaires et engagés d’aller au carnage qui se préparait par le Pouvoir Fpi », a indiqué HKB, en présence de plusieurs responsables politiques du Pdci et du Rdr. « Ce report a été justifié par les trois raisons suivantes : L’esprit de paix et de dialogue cher aux houphouétistes, l’attachement du RHDP à la conquête du pouvoir d’Etat par les urnes et non par la violence, la tenue des Assemblées annuelles de la BAD à Abidjan », a-t-il rappelé. Pour le leader du Pdci, ce report est aussi et surtout dû à une mésentente au niveau des objectifs de la marche. « L’esprit, l’objectif et les conditions de préparation de cet évènement qui se voulait pacifique, ont été dévoyés. Ils étaient de nature à nous conduire à l’affrontement, à la chienlit, aux pertes en vies humaines et au risque de replonger notre pays dans la plus imprévisible des aventures », a-t-il révélé. Bédié, pour qui « le dialogue constitue la philosophie des houphouétistes », a interprété la visite du chef de l’Etat à son domicile comme « l’amorce d’un véritable dialogue inter-ivoirien ». Le président du Pdci a également mis dans la balance des justifications sa qualité d’ex-chef d’Etat ; qualité qui lui a inspiré, dit-il, la sagesse du jugement de Salomon : « Mon acceptation de rencontrer le Chef de l’Etat ne s’inscrit que dans la recherche du dialogue et constitue une étape importante de la reprise du dialogue inter-ivoirien. Ayant contribué à bâtir ce pays pendant quarante ans, avec la sueur et l’intelligence du peuple ivoirien, il s’est imposé à moi la sagesse du jugement de Salomon. Que l’enfant vive ! ». Au dire donc du président du Pdci, Ouattara et lui ont pris l’initiative d’éviter d’aggraver et de prolonger la crise qui dure depuis plus de dix ans et qui a plongé le pays dans une paupérisation généralisée. « Nous le savons, notre pays connaît une grave anomie, c’est-à-dire un état de désorganisation et de déstructuration dû à la disparition partielle ou totale des normes et valeurs communes à ses citoyens. Nous ne voulons pas en rajouter aux blessures, meurtrissures et aux souffrances du peuple qui n’aspire qu’à vivre en paix », a-t-il déclaré. La conquête du pouvoir politique, aux yeux de Bédié, est une ambition qui ne peut s’accommoder de sacrifices inconsidérés de vies humaines. C’est pourquoi il dit regarder ses militants droit dans les yeux pour leur dire : « vos vies sont sacrées, vos vies me sont chères ». « Trop de sang a déjà coulé sur notre sol. Il faut que des responsables dignes et de bonne volonté arrêtent cela », s’est-indigné HKB qui a, par ailleurs, exhorté ses militants à garder confiance et à lui faire confiance parce qu’il a le devoir de les conduire au palais présidentiel et non au cimetière. « On ne bâtit pas l’avenir d’un pays par la violence et dans le sang. La violence conduit toujours au désastre, à la destruction, au sang et aux larmes. Or le Seigneur a en horreur les hommes du sang et de la ruse », a-t-il dit, avant de conclure en ces termes, à l’endroit de ses militants : « Je sais que vous m’avez compris et je sais pouvoir compter sur votre esprit de discipline, votre persévérance et votre fidélité ».

Partager cet article
Repost0
12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 13:40

Bohoun-Bouabre.jpgLa capitale économique de la Côte d’Ivoire, abrite, les 27, 28 et 29 mai 2010, les assemblées générales annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). A l’approche de cet évènement capital qui pourrait débloquer le retour de cette institution à son siège naturel, à Abidjan, l’opposition ivoirienne regroupée au sein du RHDP, coalition dite houphouétiste mais soutenant la rébellion armée, bande ses biceps. Elle profère, par ses jeunes interposés, des menaces de troubles à l’ordre public pour espérer faire annuler cette réunion de la BAD. A raison. En 2004, l’institution a justement relocalisé ses activités opérationnelles hors de son siège désigné, Abidjan, pour des raisons de «sécurité». Dans les propos qui suivent, le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, dégage l’importance de la réunion et rassure : «Je ne vois vraiment pas par quel mécanisme on pourrait prendre une décision contraire à celle que nous connaissons déjà et qui est que les assemblées de la BAD se tiennent à Abidjan». Interview. Notre Voie : Monsieur le ministre d’Etat, pouvez-vous, en l’état actuel des choses, nous certifier que les assemblées générales annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) vont effectivement et de façon irrévocable se tenir les 27, 28 et 29 mai 2010 à Abidjan ? Est-ce que la BAD ne peut plus renoncer à tenir sa réunion en Côte d’Ivoire ? Antoine Bohoun Bouabré : Je vous remercie pour l’honneur que vous me faites de me permettre de me prononcer sur un sujet aussi capital pour notre pays. J’en suis heureux. Pour votre question, la réponse est oui, il y a une certitude. Mais cette certitude date du mois de mars 2010. Vous vous souviendrez qu’au mois de février, nous avons connu ici des évènements graves suite à la dissolution de la Commission électorale indépendante et du gouvernement. Il y a eu mort d’hommes. Et à l’occasion de ces évènements graves, le doute s’était emparé de beaucoup de nos partenaires, beaucoup d’actionnaires mais aussi beaucoup de membres du personnel de la banque, y compris les représentants des actionnaires qui sont les administrateurs. Donc j’ai dû partir à Tunis, mais avant mon voyage, nous avons reçu ici la visite de Donald Kaberuka avec qui nous avons fait le point et nous avons poursuivi le dialogue à Tunis. Et, à l’issue de nos discussions, le Conseil d’administration a confirmé Abidjan comme étant le pays hôte de l’édition 2010 des assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement. Cette confirmation ayant été faite, les invitations ont été envoyées à tous les actionnaires pour venir à Abidjan. A partir de cet instant, il n’y a plus de possibilité de mettre en doute la tenue de ces assemblées en Côte d’Ivoire. N.V. : Alors, c’est quoi exactement les assemblées générales de la BAD et quelle est concrètement l’importance de ces assises ? A.B.B. : La banque est organisée de la façon suivante : il y a le Conseil des gouverneurs, le Conseil d’administration, la Direction (Présidence) et le personnel de la banque. Le Conseil des gouverneurs est l’instance qui prend les décisions relativement aux orientations stratégiques de la banque. C’est le Conseil des gouverneurs qui prend les résolutions sur des questions qui touchent à la vie de la banque. Ce Conseil des gouverneurs se réunit une fois l’an. C’est cette rencontre qui constitue les assemblées générales annuelles du groupe de la Banque africaine de développement. Elles rassemblent 77 pays, dont 50 pays africains et 27 pays non africains. Ce sont ces gouverneurs qui se réunissent sur deux jours pour discuter de la vie et donner des orientations à la Direction de la banque pour l’année qui court. L’année dernière, en 2009, les assemblées se sont déroulées à Dakar, au Sénégal, et c’est à cette occasion que le Conseil des gouverneurs a décidé du pays qui doit accueillir la réunion de 2010. C’est donc à Dakar, au mois de mai 2009, que la Côte d’Ivoire a été désignée comme étant le pays hôte des assemblées 2010. N.V. : Est-ce la Côte d’Ivoire qui est allée quémander ces assises ou le Conseil des gouverneurs qui l’a désignée pour abriter ces assemblées ? A.B.B. : (Rires…). Vous me permettrez de récuser le terme quémander. Tous les ans, les gouverneurs, à l’occasion des assemblées annuelles, décident du lieu de la tenue de la prochaine réunion. Et chaque pays membre est susceptible d’accueillir les assemblées. Avant Dakar ; c’était le Mozambique, mais, avant le Mozambique c’était la Chine avec Shangaï. Aujourd’hui c’est la Côte d’Ivoire et en 2011, ça sera le Portugal si les gouverneurs en décident ainsi. C’est-à-dire que, chaque année, chaque pays manifeste la volonté d’organiser les assemblées. Chaque pays est susceptible de poser sa candidature. En 2009, au nom de la Côte d’Ivoire, nous avons posé la candidature de notre pays pour organiser les assemblées 2010. Donc, tout au long de l’année 2009, avant les assemblées de Dakar, la banque s’est organisée pour évaluer les capacités du pays candidat à accueillir les assemblées. Les capacités, c’est en termes de facilités hôtelières et de transport ; c’est en termes de disponibilité de centres de santé, de centres de conférences, en tout cas un ensemble de conditions qui sont exigées du pays qui sollicite l’organisation des assemblées. Dans notre cas, il y avait plusieurs pays qui voulaient les assemblées de la banque et après évaluation, le Conseil des gouverneurs a estimé que la Côte d’Ivoire offrait le meilleur profil pour organiser les assemblées 2010. Avant d’aller à Dakar, nous avons exposé au Conseil d’administration les atouts de la Côte d’Ivoire. D’autres pays l’ont fait. Mais les administrateurs ont recommandé au Conseil des gouverneurs de choisir la Côte d’Ivoire et c’est ce qui a été fait à Dakar. N.V. : Monsieur le ministre d’Etat, pourquoi tenez-vous tant à ce que ces assemblées se déroulent en Côte d’Ivoire ? qu’est-ce que la Côte d’Ivoire pourrait gagner en accueillant ces assises ? A.B.B. : Je vais vous parler franchement. Avant la crise, la règle, comme c’est le cas pour les institutions de Bretton-Woods, est que le pays hôte de la banque, le siège de la banque, organise une année sur deux les assemblées. Donc notre pays a organisé au moins vingt fois les assemblées durant la vie de la banque. En 2002, nous avons eu la crise. Depuis lors, la banque a relocalisé temporairement ses activités opérationnelles à Tunis. Alors, la banque n’a plus organisé les assemblées ici pour des raisons de sécurité, comme le disent nos partenaires. Donc, nous avons tenu à briser cette chaîne qui fait croire que la Côte d’Ivoire n’offre pas de conditions de sécurité suffisantes pour organiser les assemblées et même pour accueillir à nouveau les activités opérationnelles. Nous avons voulu briser cette chaîne en disant : «venez en Côte d’Ivoire. Vous verrez que notre pays n’a rien perdu de ses capacités à organiser les assemblées de la Banque africaine de développement !».rci-aBIDJ.jpg N.V. : C’est un grand challenge… A.B.B. : Oui, si vous pensez comme vous le pensez, c’est pour cette raison là. Il fallait à un moment donné qu’on puisse dire que la Côte d’Ivoire est prête à honorer ses engagements vis-à-vis d’une institution financière africaine qui a une grande importance non seulement pour notre pays et pour notre sous-région, mais aussi pour l’ensemble de l’Afrique toute entière. C’est cette démonstration que nous voulons faire à l’occasion de ces assemblées. N.V. : Vous voulez, semble-t-il, aller plus loin aussi, œuvrer pour que la banque revienne en même temps à Abidjan, n’est-ce pas ? A.B.B. : Ecoutez, depuis la relocalisation temporaire des activités opérationnelles de la banque, mon discours n’a pas varié. Nous avons fait deux réunions à Accra. La première en décembre 2002 et la deuxième en janvier 2003. C’est au cours de la réunion de janvier 2003 que le Comité consultatif des gouverneurs, une instance intermédiaire entre le Conseil d’administration et le Conseil des gouverneurs, a fait la recommandation de la relocalisation temporaire. Et, à ces différentes réunions, nous nous sommes efforcés de démontrer que rien ne justifiait la relocalisation des activités. Mon point de vue n’a pas varié. N.V. : Peut-on évaluer aujourd’hui les engagements de la Bad envers la Côte d’Ivoire ? Ont-ils évolué ou ont-ils fléchi par rapport à la crise ? A.B.B. : Là aussi, les choses sont simples : la Bad est une banque qui prête à des clients. Ce sont les règles. Quand le client arrête d’honorer ses engagements, c’est-à-dire de rembourser, le prêteur arrête de lui prêter. En 2004, nous avons arrêté de payer la banque compte tenu des difficultés de gestion de la crise ivoirienne. Ayant accumulé des arriérés vis-à-vis de la banque, elle aussi, de son côté, a arrêté d’octroyer de nouveaux prêts à notre pays et elle a même arrêté de faire les décaissements sur des prêts anciens au profit de notre pays, sauf sur quelques projets. Notamment les projets d’appui à la gouvernance. Mais, depuis cette période jusqu’à ce qu’on revienne à la normale, c’est-à-dire qu’on apure les arriérés vis-à-vis de la banque en 2008, la banque n’a plus apporté un soutien significatif à notre pays. Mais, depuis 2008, nous avons normalisé les relations avec la banque, et, désormais, nous sommes au stade de la réévaluation du portefeuille existant pour solliciter la banque en termes d’appui à la mise en œuvre de ce nouveau portefeuille restructuré. Nous sollicitons la banque dans le cadre de la mise en œuvre de notre Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp). N.V. : Rencontrez-vous des oreilles attentives ? A.B.B. : Oui, nous sommes en bonne voie de bénéficier pleinement et entièrement du concours de la banque. Et je profite de cette occasion pour rendre hommage au président de la République, le président Gbagbo, parce que c’est lui qui a estimé, à l’issue du Dialogue direct, que les conditions étaient réunies pour qu’on normalise nos relations avec l’ensemble des partenaires financiers, y compris la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, et c’est ce que nous avons fait en 2008. Cela a valu à notre pays d’atteindre le point de décision de l’initiative Pays pauvre très endetté (Ppte) au mois de mars 2009, comme vous le savez. Depuis lors, nous sommes à jour vis-à-vis de ces institutions, que ce soit la Banque mondiale ou la Bad. N.V. : Peut-on avoir des chiffres au niveau des efforts qui ont été fournis dans le cadre de la normalisation avec ces partenaires financiers ? A.B.B. : Ecoutez, si mes souvenirs sont exacts, on a dû payer à la Bad 120 milliards de FCFA d’arriérés. Mais on a mis en œuvre un mécanisme particulier par lequel la banque, en utilisant les facilités pour les Etats fragiles, a aidé à apurer ses arriérés. Et on a aussi utilisé un crédit-relais avec l’Afd pour faire cet apurement. Ce n’est pas le montant qui est le plus important. Le plus important c’est comment on a pu régler le contentieux financier. Je l’ai dit, il y a eu la volonté du chef de l’Etat, puis, avec le ministre des Finances et avec l’appui de la banque elle-même, nous avons pu trouver le mécanisme qui a permis de faire ce travail. N.V. : Maintenant que les relations se sont normalisées, peut-on considérer la bataille pour le retour de la Bad à Abidjan comme une bataille de prestige ? A.B.B. : Je ne vois vraiment pas pourquoi une telle bataille pourrait être une bataille de prestige ! C’est une bataille plutôt de principe. Les chefs d’Etat, à la création de la banque africaine de développement, ont décidé qu’Abidjan abrite le siège de cette institution financière africaine. C’est une décision des chefs d’Etat africains. Pour respecter le parallélisme des formes, il appartient aux chefs d’Etat africains de décider d’un autre lieu pour accueillir le siège de la banque, si le besoin se faisait sentir. Ce n’est pas encore le cas. Là, il s’agit d’une décision de gestion qui a été prise par le Conseil des gouverneurs qui, comme je l’ai dit, est constitué des membres des différents gouvernements des pays membres de la banque. C’est donc ce principe-là qu’il faut respecter. Les chefs d’Etat ont décidé et tant qu’ils n’ont pas pris une décision contraire, on ne peut pas faire autre chose. Et il nous appartient, nous Ivoiriens, de faire en sorte que ce principe soit respecté. C’est une bataille de principe que de respecter la volonté des Africains d’avoir le siège de la banque à Abidjan. S’il s’est trouvé que la Côte d’Ivoire, dans son évolution récente, a offert la possibilité aux pays membres de prendre une décision temporaire, il faut rapidement revenir à la normale. N.V. : Où en est-on donc, aujourd’hui, avec le retour de la Bad à Abidjan ? A.B.B. : Depuis la décision de la localisation temporaire aux assemblées annuelles de 2003, tous les ans, il y a une évaluation de la situation en Côte d’Ivoire qui est faite par les gouverneurs. Et tous les ans, ils sont arrivés à la même conclusion qu’Abidjan n’est pas encore prêt du point de vue sécuritaire à accueillir à nouveau les activités opérationnelles de la banque. En d’autres termes, il n’est pas encore temps que la banque revienne à son siège. Tous les ans, la même résolution a été prise et a été reconduite régulièrement à chaque assemblée. Seulement, la vérité d’une assemblée n’étant pas forcément la vérité d’une autre assemblée, j’attends avec patience, mais aussi avec confiance, les assemblées d’Abidjan pour que les gouverneurs évaluent encore une fois la situation en Côte d’Ivoire et prennent une décision qui, je l’espère, sera différente de celle qui a été prise jusqu’à ce jour. N.V. : La sécurité au niveau mondial se mesure en termes de phase. Aujourd’hui, nous croyons savoir que la Côte d’Ivoire n’est ni à la phase 4 ni à la phase 3. Pourquoi parle-t-on toujours sécurité alors que tout ce qui se passe à Abidjan se voit partout ailleurs dans les autres capitales du monde ? A.B.B. : Depuis que nous sommes revenus, selon le critère d’évaluation des Nations unies, à la phase 2 de la sécurité, normalement rien ne s’oppose au retour de la banque à Abidjan. Mais, comme je le dis, il y a les non-dits des attitudes que les uns et les autres affichent. Je pense que c’est ça la vérité, c’est ça la réalité avec laquelle il faut compter… N.V. : Monsieur le ministre, à vous entendre parler, on a l’impression que la Bad est partie sans jamais partir. Elle a maintenu quelques soutiens et nous a accordé les facilités dont bénéficient les pays fragiles comme vous le dites. En tout cas, elle nous aide. Alors, qu’est-ce qui fait trainer au juste les pas pour le retour à la normale au principe du siège à Abidjan ? A.B.B. : (Soupir…). Bon, il ne faut pas tourner autour du pot : tous les partenaires de la Côte d’Ivoire estiment que les conditions ne sont pas réunies pour abriter les activités de la Bad. Mais c’est valable pour d’autres considérations. N.V. : Quelles sont ces considérations ? A.B.B. : Oh, vous savez, ça ne se dit pas ouvertement, mais c’est ce que tout le monde pense : tant que nous n’avons pas eu les élections, on a l’impression qu’en Côte d’Ivoire, la normalisation n’est pas encore totale. Donc, à la limite, tout le monde attend cette normalisation par des élections avant de faire le pas. Comme je l’ai dit, même si nous continuons notre partenariat avec la banque du point de vue financier, la question de principe étant que la Côte d’Ivoire a été désignée par les chefs d’Etat comme étant le pays hôte de la banque, cette Côte d’Ivoire doit recevoir «sa» banque. N.V. : Alors, concrètement, comment vont se dérouler les travaux ? A.B.B. : Au cours de ces travaux, il y aura 4 temps forts. Le premier, c’est qu’il y aura une réunion des pays donateurs du Fonds africain de développement (Fad). Nous sommes à la reconstitution du Fad. Donc les pays donateurs vont se réunir pour décider de la reconstitution de ce fonds qui est le guichet de la banque qui appuie les pays à faible revenu et les pays fragiles. C’est un temps important parce qu’Abidjan sera le lieu où le fonds va être reconstitué. Nous sommes au 12ème Fad et ça sera le 25 mai. Le deuxième temps fort sera un forum sur les questions d’actualité, c’est-à-dire les questions relatives au changement climatique. Il y aura un séminaire ou des tables rondes autour de ce thème central qui est le changement climatique. Et, comme c’est une réunion qui regroupe tous les spécialistes des finances et de l’économie, ces rencontres offrent l’occasion d’échanger sur les questions d’intérêt pour l’ensemble de la communauté financière internationale. Le troisième temps fort ,c’est l’assemblée générale elle-même. L’ouverture solennelle va se faire le 27 mai en présence du chef de l’Etat et de ses invités avec tous les gouverneurs membres de la banque. Ici, 77 pays qui seront représentés par les gouverneurs et leurs suppléants, mais il y aura les invités de la banque qui sont les principaux responsables des institutions financières internationales. Nous aurons aussi les principaux dirigeants des grandes banques multilatérales comme la Banque islamique de développement, la Banque mondiale, Afreximbank, etc. Traditionnellement, les anciens présidents de la banque font partie des invités de la banque. Vous voyez que, outre les gouverneurs qui sont soit des ministres des Finances soit des ministres chargés de développement, outre les anciens dirigeants de la banque et les dirigeants actuels des banques multilatérales, mais aussi des banques privées, nous aurons des personnalités du monde de la politique à la cérémonie solennelle. Nous allons écouter le rapport du président de la banque et le rapport du président du Conseil des gouverneurs. Bien entendu, le chef de l’Etat va s’adresser à l’assemblée à cette occasion et un ou deux invités du chef de l’Etat seront probablement appelés à prendre la parole. Le dernier temps fort sera évidemment la cérémonie solennelle de clôture au cours de laquelle le Conseil des gouverneurs prend ses résolutions et décisions pour la gestion future, pour la vie de la banque, notamment l’élection du président de la banque. N.V. : Peut-on avoir une idée des décisions importantes attendues ? A.B.B. : Oui, la première décision attendue et qui est particulièrement importante, c’est l’augmentation générale du capital. Cette décision a été préparée au cours du mandat que nous exerçons en tant que président du Conseil des gouverneurs. Et tout porte à croire qu’à ces assemblées, les gouverneurs vont décider d’augmenter de 200% le capital de la banque. On va pratiquement tripler le capital de la banque. C’est historique ; c’est du jamais vu ! C’est la première fois que cela va arriver dans la vie de la banque. Et je ne le cache pas, c’est une immense fierté pour nous d’abriter les assemblées qui prennent cette décision. N.V. : Qu’est-ce qui motive une telle décision au moment où le monde entier traverse une crise financière féroce ? A.B.B. : Vous avez raison. En 2008, le monde a connu la crise financière la plus grave depuis la grande dépression des années 30. Mais à l’occasion, le G20 s’est réuni pour recommander qu’on renforce les ressources des institutions multilatérales qui ont pour mission d’accompagner les pays dans leur développement. A quelque chose malheur est bon : la crise financière a ouvert la porte au renforcement des institutions multilatérales de développement. Ça a été le cas pour la Banque mondiale et la Société financière internationale (Sfi) ; ça a été le cas de la Banque interaméricaine de développement et de la banque asiatique de développement. Ça va être le cas de la Bad. C’est justement parce qu’il y a eu la crise qu’on a pu voir le rôle majeur que ces institutions ont pu jouer pour endiguer en quelque sorte ses effets négatifs. On en est arrivé à la conclusion que si elles ont plus de moyens, elles pourront faire plus pour prévenir les crises futures. N.V. : Mais pourquoi une augmentation de 200% du capital pour la Bad ? A.B.B. : Avec la direction de la banque, on a pu démontrer qu’il fallait aller jusqu’à ce niveau d’augmentation pour que la banque soit véritablement solide, pour qu’elle puisse soutenir les problèmes majeurs du développement de l’Afrique, pour lutter véritablement contre la pauvreté, mais aussi soutenir le secteur privé, y compris dans les pays à faible revenu, pour que ces pays puissent créer la richesse et créer les emplois. Bref, la banque a besoin de ressources pour soutenir le développement socio-économique du continent. N.V. : Cette forte augmentation de capital ne va-t-elle pas peser sur le taux des emprunts ? A.B.B. : C’est une question qui a été soulevée par les gouverneurs et les recommandations ont été faites au management de la banque pour contenir la politique de crédit au profit de l’ensemble de la clientèle et mais particulièrement aux pays à faible revenu. Donc la direction prend des dispositions pour que les conditions financières soient supportables par les pays et surtout par le secteur privé. Vous savez, le secteur privé, que ce soit dans les pays à faible revenu ou dans les pays à revenu intermédiaire, reste le même. Il opère avec en objectif l’efficacité de ses opérations. Donc on ne devait pas avoir de souci, parce qu’il y a des critères objectifs d’évaluation. N.V. : Est-ce que tous les pays ont les ressources nécessaires pour tenir le coup de cette augmentation faite du simple au triple ? A.B.B. : Oui, justement, chaque actionnaire doit assumer. Il y a des règles au sein de la banque. Les pays africains ont un pouvoir de vote de 60% et 40% pour les pays non africains. Donc, dans l’augmentation du capital, il y a un effort significatif que chacun devait faire pour maintenir son pouvoir de vote actuel. L’autre décision qui est aussi attendue, c’est qu’on puisse faire la place à l’Afrique du Sud qui est une économie importante, une économie leader dans notre continent. Donc, à la demande des pays d’Afrique australe, nous avons concédé que l’Afrique du Sud ait une place au Conseil d’administration. N.V. : Pourquoi c’est maintenant que l’Afrique du Sud fait son entrée au Conseil d’administration de cette banque africaine ? A.B.B. : D’abord, il est juste que l’Afrique du Sud soit présente dans les instances essentielles où les décisions relativement à l’avenir économique de l’Afrique se prennent. La Banque africaine de développement étant la principale institution de financement du développement de l’Afrique, on a pensé que c’est tout à fait légitime que l’Afrique du Sud soit présente. Alors pourquoi maintenant ? Mais c’est l’histoire récente de l’Afrique du Sud elle-même qui l’explique. L’Afrique du Sud est sortie de l’apartheid en 1994. C’est à partir de là que le pays a été admis comme membre de la Banque africaine de développement qui existe depuis 1964. Mais, après quelques années de pratique, je crois que c’est une bonne chose que l’Afrique du Sud retrouve une place qui corresponde véritablement à la place que ce pays a dans l’économie africaine. Ce sont toutes ces considérations qui ont amené à la recommandation que le Comité consultatif des gouverneurs a faite, et j’espère que ces considérations seront prises en compte par le Conseil des gouverneurs pour décider de l’augmentation du nombre de sièges au Conseil d’administration. N.V. : Monsieur le ministre d’Etat, les assemblées annuelles de la Bad, si nous vous avons bien suivi, vont drainer du beau monde. La Côte d’Ivoire, qui sort d’une crise armée, a-t-elle la capacité de répondre aux attentes des invités ? A.B.B. : D’abord, la Bad a évalué elle-même les capacités de la Côte d’Ivoire tout comme elle a évalué les capacités d’autres pays candidats. Et elle a choisi la Côte d’Ivoire. C’est sur la base d’un cahier de charges que nous travaillons. Dans ce cahier de charges, la banque, en termes de facilités hôtelières, demande que la Côte d’Ivoire propose 1.350 chambres, de standing dans les hôtels d’au moins 3 étoiles pour ses participants. Dans le dossier de la Côte d’Ivoire, nous avons proposé mieux, 1.600 chambres et le pays a été retenu sur cette base. Nous sommes donc tranquilles. L’autre élément du cahier de charges, c’est d’avoir les facilités en termes de centres de conférences. Comme je l’ai dit, la Côte d’Ivoire a déjà organisé les assemblées de la banque au moins vingt fois. Et l’Hôtel Ivoire a été régulièrement le lieu de la tenue des assemblées. Le gouvernement ivoirien a donc décidé de la rénovation de l’Hôtel Ivoire, de la rénovation du Palais des Congrès, de la Salle des fêtes et des salles annexes qui tiennent lieu de réunion de la banque. Ce travail de rénovation est achevé. Au moment où je vous parle, le Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire a été entièrement rénové et est opérationnel. L’Hôtel Ivoire présente aujourd’hui fière allure et, à la demande de la banque, nous y avons dressé 4 chapiteaux dont 2 grands réservés aux opérations techniques de l’élaboration et distribution de badges, un autre chapiteau où l’on vient exposer le savoir-faire ivoirien en termes industriel et artisanal, et quelques espaces au prochain pays qui va organiser les assemblées 2011. Bref, la Salle des fêtes est refaite et la tour de l’Hôtel Ivoire, qui va abriter 200 participants, est refaite. Il est prévu que les premiers invités soient accueillis le 15 mai. N.V. : Au niveau sécuritaire, le gouvernement est-il prêt à accueillir ces assemblées annuelles ? A.B.B. : Alors là, c’est très amusant parce que moi, je pensais avoir de grandes idées sur ce qu’il faut faire pour assurer la sécurité. J’ai eu une rencontre avec le premier responsable de la sécurité et j’ai exposé mes grandes idées. Quand j’ai fini, il y a un des officiers qui m’a dit : «Monsieur le ministre d’Etat, si vous pensez que c’est ça qu’il faut faire pour que vous soyez confortables, on va le faire, mais nous avons pensé à trois fois plus que ce que vous avez dit». J’ai répondu : «Bon, ne m’expliquez plus rien» (Rires…). C’est très amusant. Même les évaluations internes de la banque sont tout à fait positives. Donc, moi, je suis tranquille et confortable de ce point de vue. N.V. : Malgré tout cela, certaines formations politiques continuent de croire qu’il suffit de marcher pour faire annuler les assemblées générales de la Bad. N’ont-elles pas raison ? A.B.B. : Au moment où je vous parle, je ne vois vraiment pas par quel mécanisme on pourrait prendre une décision contraire à celle que nous connaissons déjà et qui est que les assemblées se tiennent à Abidjan. On a vu dans divers pays, à l’occasion de ces grands rendez-vous, des manifestations hostiles à la tenue de ces réunions, mais ces réunions se sont toujours tenues. L’exemple le plus spectaculaire, ce sont les assemblées annuelles des instances de Bretton-Woods. A ces assemblées, les participants ont dû être évacués, je pèse mes mots, évacués par métro du lieu de réunion, mais ils sont revenus faire la réunion avec quelques décalages. Je me souviens encore que, l’année dernière, au mois de septembre, il y a eu les réunions des assemblées annuelles du Fonds et de la Banque à Istambul, en Turquie. Dans la rue, c’était la bagarre entre manifestants et forces de l’ordre. Quand je parle de bagarre, je ne parle pas de jets de pierres et de gaz lacrymogène. Je parle d’une vraie bagarre avec des casses et c’étaient des manifestations contre la tenue des réunions ; mais ces réunions se sont tenues. Parce que les gouvernements de ces pays ont pris les précautions qu’il fallait pour protéger les réunions. Je pense que notre pays a les capacités de protéger les réunions de la Banque africaine de développement. Heureusement que dans notre cas aussi, je n’ai pas connaissance de ce qu’il y ait des projets de manifestations contre la tenue des assemblées de la Bad à Abidjan. Alors, pour la Côte d’Ivoire elle même, ce serait bien qu’on offre une image qui corresponde à notre propre devise. N.V. : Union, Discipline et Travail ? A.B.B. : Vous l’avez dit ; mais ajoutez aussi le pays de la fraternité et de l’hospitalité. Interview réalisée par César Etou, AVS, J-S Lia et Benjamin Koré

Partager cet article
Repost0
28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 00:06

manuel_noriega.jpgL'ex-dictateur panaméen, extradé des États-Unis vers la France où il doit être jugé pour blanchiment d'argent, était auditionné ce mardi devant le juge des libertés et de la détention qui a ordonné son placement en détention provisoire.

Un juge français a ordonné mardi le placement en détention provisoire de l'ancien dictateur du Panama Manuel Noriega, que la justice française souhaite rejuger pour blanchiment d'argent de la drogue dans les années 1980.Manuel-Noriega-1.jpg

Le juge de la détention et des libertés a annoncé qu'il allait être écroué à la prison de la Santé.

Le général Noriega, 76 ans, a passé 17 ans en prison aux Etats-Unis pour trafic de stupéfiants. Il a été extradé dans la nuit des Etats-Unis vers la France.

Manuel Noriega avait été condamné par défaut en 1999 par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans de prison.

Il lui est reproché d'avoir transféré sur des comptes bancaires français près de 2,3 millions d'euros (15 millions de de francs).

Source:  FRANCE24

Partager cet article
Repost0
20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 15:05
KOU.jpgNEW YORK (Nations unies) - Le secrétaire général de l`ONU, Ban Ki-moon, est vivement préoccupé par la situation politique et par les affrontements de vendredi en Côte d`Ivoire et appelle au calme, a indiqué son service de presse.

M. Ban "exprime sa vive préoccupation face à la situation politique en Côte
d`Ivoire et lance un appel aux parties prenantes à l`Accord politique de
Ouagadougou afin qu`elles trouvent sans tarder une solution aux difficultés
que rencontre le processus de paix ivoirien", déclare un communiqué.

Il "lance un nouvel appel à toutes les parties concernées afin qu`elles
préservent les acquis du processus de paix obtenus à ce jour, y compris la
liste électorale provisoire. Il les exhorte à établir rapidement une liste
électorale définitive, afin de préserver la dynamique électorale" et appelle
les parties à résoudre l`impasse politique actuelle "par le biais du dialogue
et dans le cadre de l`Accord politique de Ouagadougou."

Il est "très préoccupé" par les affrontements qui se sont produits
aujourd`hui à Gagnoa, causant la mort de plusieurs personnes ainsi que de
nombreux blessés. Ces affrontements révèlent que la situation demeure fragile."

Une semaine après la dissolution de la Commission électorale indépendante
(CEI) ivoirienne, l`une des manifestations lancées par l`opposition contre le
président Laurent Gbagbo a été pour la première fois marquée vendredi par des
morts, au nombre d`au moins cinq.
Partager cet article
Repost0
18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 14:57
jeudi 18 février 2010 - Par Le Mandat

Drapeau-UE.jpgAujourd`hui, force est de constater qu`il existe une véritable pénurie d`eau potable. La seule ville d`Abidjan qui représente 70% de la consommation d`eau potable, connaît des perturbations importantes dans l`alimentation en eau potable. Il en est de même pour certaines grandes villes de l`intérieur du pays. Le pire aurait pu se produire n’eût été l’appui de la Commission Européenne.

Plus de 8 millions de personnes (43 % de la population de Côte d’Ivoire) manquent d`installations sanitaires de base et plus de 4 millions de personnes boivent encore de l`eau provenant de sources non améliorées, particulièrement en milieu rural. Conséquemment, de nombreux enfants meurent ainsi chaque jour de maladies diarrhéiques et d`autres maladies transmises par l`eau, ou causées par un manque d’eau salubre, d`assainissement et d`hygiène. Bien plus nombreux encore sont ceux qui sont affaiblis ou souffrent de maladies. Le manque d`eau salubre et d`assainissement a de nombreuses autres graves répercussions sur la santé des populations. Les enfants et en particulier les filles, sont privés de leur droit à l`éducation parce qu`ils doivent passer du temps à aller chercher de l`eau ou ne vont pas à l`école du fait du manque d`installations sanitaires adéquates et séparées. Les femmes doivent passer une partie importante de leur journée à aller chercher de l`eau (85,9 % des femmes de Côte d’Ivoire sont chargées d’approvisionner leur famille en eau). Les agriculteurs et les salariés peu fortunés sont moins productifs du fait de leurs problèmes de santé, et les économies nationales en pâtissent. Sans eau salubre et assainissement adéquat, le développement durable est impossible. C’est pour cette raison que l’approvisionnement en eau potable des populations sur l`étendue du territoire national ivoirien a constitué donc l’une des priorités de l’Union Européenne. Ainsi, les appuis de la Commission européenne dans les secteurs de l’eau ont eu pour objet d’apporter aux populations affectées par la crise, un meilleur accès aux services sociaux de base et à des conditions de salubrité satisfaisantes. L’appui à la société gestionnaire du réseau d’au potable (SODECI), à hauteur de 2947,5 millions de francs CFA, à la continuité de l’approvisionnement en eau potable des centres urbains, en zone Centre, Nord et Ouest, à la réhabilitation d’installations de production, de traitement, de distribution et les interventions en milieu rural ont été les soutiens de la Commission européenne dans le domaine de l’eau. En effet, depuis le déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, la pression exercée sur les finances publiques a considérablement fragilisé l’équilibre du secteur de l’eau, affectant notamment la trésorerie de l’opérateur gestionnaire. En fin 2002, les impayés de l’Etat envers la SODECI se sont accumulés et la facturation dans les zones ex-assiégées n’a repris que très timidement. L’appui apporté pour apurer une partie de ces arriérés de factures de consommation a ciblé la diminution des arriérés intérieurs de l’Etat, l’amélioration de la trésorerie de la SODECI pour le financement des coûts de production réels qu’elle a engagés, l’alimentation du Fonds de Développement de l’Eau (qui finance notamment les branchements sociaux), l’alimentation du Fonds national de l’Eau, les travaux de renforcement et de renouvellement des installations, ainsi que des travaux d’extension du réseau (développement de l’hydraulique périurbaine). S’agissant de l’appui à la continuité de l’approvisionnement des zones CNO, la Commission a participé au redéploiement des agents de l’administration. Le renforcement de la production d’eau potable et l’extension de réseaux d’alimentation dans les principaux centres urbains, les réhabilitations d’urgence, la création de nouveaux points d’eau et de réseaux d’adduction d’eau potable, ont aussi été des actions de la Commission pour éviter à la Côte d’Ivoire une grave pénurie d’eau. En somme, les Ivoiriens et les autres habitants de la Côte d’Ivoire, qui ont encore de l’eau potable, le doivent à l’Union Européenne qui, par son partenariat avec le pays pour la sortie de crise, a apporté son appui au secteur de l’eau.
Jules C.
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : ACSCI France
  • : L’ACSCI (Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne) est une cellule de réflexion d’intellectuels ivoiriens qui s’unissent pour la défense des droits des populations."Vous souhaitez adhérer ou représenter notre cellule dans votre pays de résidence, n’hésitez pas à nous contacter."
  • Contact

Le Fondateur

  • Seth koko France
  • Homme de paix et de vérité,Auteur du projet du Dialogue Direct inter-ivoirien,Stratège diplomatique de formation,Seth Koko fut Leader d'opinion,défenseur des droits de la société civile ivoirienne, à travers l'ACSCI dont il est le Fondateur
  • Homme de paix et de vérité,Auteur du projet du Dialogue Direct inter-ivoirien,Stratège diplomatique de formation,Seth Koko fut Leader d'opinion,défenseur des droits de la société civile ivoirienne, à travers l'ACSCI dont il est le Fondateur

Annonces

Cote-divoire-drapeaudrapeau franceBienvenue sur le site officiel de la représentation française de l'ACSCI

Vous souhaitez intégrer notre céllule de réflexion l'ACSCI (l'Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne), le groupe de France, contactez-nous à acscifrance@sethkoko-blog.com ou Tel: 0033 666155982

Recherche