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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 18:19

Ce n'est pas parce qu'une révolution n'aboutit jamais au résultat qu'elle espérait (celle de 1789 a débouché sur le Directoire, l’Empire, et le retour de la monarchie ; celle de 1848 sur le Second Empire ; la révolution russe de 1917 et la révolution maoïste, sur la dictature, puis sur le mélange actuel de dictature et de du capitalisme sauvage) qu'il ne faut jamais en faire.

Une révolution aboutit à ce que les choses ne soient plus jamais comme avant; elle se réalise lorsqu'un nombre suffisant de gens ne veulent plus que les choses soient comme elles sont, même si tous souhaitent des choses contradictoires, et qu'en fin de comptes, ce qui en sortira ne correspond aux souhaits d'aucun des révolutionnaires; ce qui rend possible une révolution, c'est le "n'importe quoi, mais ce qu'on a, ça suffit".

Elle réunit donc, pour pouvoir se faire, des gens qui veulent mettre fin à un état actuel, mais qui veulent aussi le remplacer par des choses totalement contradictoires entre elles et qui devront obligatoirement s'affronter entre eux ,à un moment donné, par la violence (puisqu'une révolution, c'est la mise en œuvre de la violence). C'est pourquoi « toute Révolution dévore ses enfants », artificiellement réunis un court moment dans le « ça, ça suffit » qui permet de la déclencher.

Les Montagnards et les Girondins ne voulaient pas la même chose, et ont été obligés de se mettre à se guillotiner entre eux une fois la monarchie absolue abattue; dans la Russie de 1917, les socio-démocrates, les mencheviks et les bolcheviks ne voulaient pas la même chose et ont été obligés de s'exterminer une fois le régime tsariste abattu, etc.

Les seules révolutions qui réussissent sont les « révolutions de velours », dans lesquelles les révolutionnaires règlent ensuite leurs différents de façon démocratique, parce qu’à aucun moment le processus de la violence n’a été mis en route.

Sommes-nous, en France, dans une situation pré-révolutionnaire? Je ne le crois pas.

La majorité du pays, qui a toujours été de droite, se satisferait d'un remplacement pacifique de Sarkozy par un DSK ou équivalent, ce qui peut se faire de façon tranquille en 2012. C'est un peu le résultat de l'«anti-sarkozysme primaire », qui a focalisé beaucoup de mécontentements sur la personne de Sarkozy, en faisant abstraction de toute analyse politique de fond; d'une certaine façon, la personnalité atypique et dérangeante de Sarkozy aura servi de paratonnerre à un vrai changement de politique; c'est sans doute le meilleur service qu'il aura rendu à la droite, « à l'insu de son plein gré ».

Mais c'est toujours un « sentiment », beaucoup plus qu'une analyse de politologue, qui déclenche les mouvements insurrectionnels et met en mouvement les masses (ceux qui ont vécu Mai 68 le savent bien: on ne savait pas du tout ce qu'on voulait, mais on le voulait); ce qui transforme un mouvement insurrectionnel en révolution, c'est la présence, derrière ces masses en mouvement, d'une minorité de gens qui savent ce qu'ils veulent mettre en place, et la lutte à mort qu'ils se livrent entre eux (ce qui a manqué en Mai 68, et qui manque aussi aujourd'hui); dans une révolution, les masses ne sont que le bélier qu'on envoie abattre la porte du château-fort avant que ceux qui les utilisent ne viennent prendre possession des lieux.

C'est pourquoi l'écœurement que provoque chez tous le « monde pourri » dans lequel nous vivons, et dont l'affaire Woerth/Bettencourt n'est qu'un épiphénomène sans intérêt (Woerth sera remplacé si besoin par un clone de Woerth, et Bettencourt partira vivre en Suisse si le fisc l'emmerde trop) ne peut déboucher sur une révolution, et que les appels réguliers et pavloviens de certains internautes à « descendre dans la rue » resteront toujours aussi vains, tant que, une fois dans la rue, on se demandera « et maintenant, qu'est-ce qu'on fait? »

Une situation révolutionnaire pourrait-elle apparaître le jour où il y aura une conjugaison entre:

- un écœurement généralisé face à un monde de plus en plus cyniquement inégalitaire,

-et une classe politique tellement corrompue que beaucoup de gens seront prêts à renoncer au système démocratique dans lequel nous vivons (mais oui, malgré le licenciement d'ailleurs justifié de Porte et Guillon, on a connu bien pire) ?

Si on observe ce qui se passe en Grèce, où ces deux conditions sont réunies, la réponse semble être « non », la majorité de la population ayant compris qu'il n'y a pas de réponse nationale à un problème mondial -même s'il restera toujours sur Internet quelques révolutionnaires anonymes du clavier pour clamer dans le désert et amuser la galerie.


SOURCE:MARIANNE

  

 

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