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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 16:06

Linter_4089.jpgIl se présente comme le concepteur du dialogue direct inter-ivoirien, qui a abouti à la décrispation, un temps, de la situation en Côte d’Ivoire. Fondateur de l’Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne (ACSCI), une structure très active sur internet, qui a été parmi les premières à reconnaitre la victoire du président Ouattara au présidentielle  de décembre 2010, Seth koko reste égal à sa logique, dans cet entretien, où, sans faux fuyant, il dénonce une sorte de laxisme de l’ex-premier ministre Charles Konan Banny à la tête de la commission Dialogue – Vérité et Réconciliation.

Vous êtes rentré au pays  après 3 ans d’exil, vous pouvez-nous donner les raisons qui vous ont poussés à quitter la Côte d’Ivoire ?

J’ai quitté la Côte d’Ivoire parce que j’étais en conflit avec le président Gbagbo. En 2008, j’ai été appelé par le ministre du plan et du développement M.Bouhoun Bouabré, pour occuper un poste ici après avoir conçu le projet du dialogue direct. C’était en reconnaissance à ce service que j’ai rendu à la nation ivoirienne, à savoir la conception du dialogue direct que j’ai proposé au président Gbagbo à l’époque pour que nous retrouvions la paix. Quand je suis revenu ici en 2008 pour occuper ce poste là cela a abouti à un conflit. Les autorités d’alors n’avaient pas honorées leur engagement. Cela ne m’avait pas plu et nous étions rentrés en conflit.

J’ai, par la suite, échappé à un enlèvement à l’hôtel Tiama au Plateau le 20 novembre 2008 à 16h. C’est, d’ailleurs, la présence de  vous les journalistes sur les lieux qui m’a permis d’échapper à cet enlèvement. Après ce rapt manqué, je ne pouvais plus séjourner  en Côte d’Ivoire. Donc, j’ai été en Europe où j’ai passé un moment d’exil, le temps que les choses s’arrangent. Après 3 années de pression, c’est finalement à un mois de sa chute que le Laurent Gbagbo m’a reconnu par écrit la paternité du Dialogue Direct. Aujourd’hui je suis rentré au pays pour participer à la réconciliation.

pic-4-interview-27-dec-2011.JPGQuelles conditions qui ont été réunies pour que vous consentiez, enfin, à rentrer au pays ?

Ecoutez monsieur, moi pour retourner dans mon pays je n’ai pas besoin de poser des conditions. Je cherchais juste que la Côte d’ivoire soit sécurisée, et que quand je rentre dans mon pays avec ce que j’ai fait avec le pouvoir d’avant, que je bénéficie d’un minimum de sécurité avec mes prises de position. Il s’avère qu’avec l’arrivée du président Ouattara, pour moi, les conditions sécuritaires étaient réunies. Je suis rentré en Côte d’Ivoire depuis le 9 décembre 2011, et je me sens bien.

Vous avez créé l’Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne (ACSCI), très active sur internet, et qui a même été l’une des premières à reconnaitre la victoire du président Ouattara et à le soutenir. Qu’est-ce qui explique ce soutien ?

Oui, si vous voulez, l’ACSCI a pour mission de critiquer, de proposer et de réaliser. Nous faisions des critiques sur la gestion du président Gbagbo, parce qu’à l’époque, nous avons vu que le président Gbagbo avait un discours de haine, diviseur des ivoiriens, et vous savez ou cela nous a menés. Ce discours ne nous allait pas du tout, alors nous étions contre cette façon de gérer la Côte d’Ivoire. Maintenant, nous avons été amenés à soutenir le président Ouattara, parce que c’est lui qui a été élu  en novembre 2010. Malheureusement, le président Gbagbo avait failli ne pas permettre au président Ouattara de prendre fonction. Donc, nous à l’ACSCI, en tant que patriotes et républicains, il fallait qu’on reconnaisse le pouvoir du président élu et c’est ce qu’on a fait.

Nous l’avons soutenu dans son combat de rétablissement de la vérité sur cette question électorale. Cela  a marché et aujourd’hui nous sommes satisfaits. Nous retournons, donc, à nos actions quotidiennes.

Aujourd’hui, l’heure est à la réconciliation avec la commission Dialogue Vérité et Réconciliation mise en place par les nouvelles autorités. Qu’en pensez-vous ?

J’ai une analyse très critique du fonctionnement de cette commission. Le président de la CDVR a été nommé en mai 2011, juste après la prise de fonction du président Ouattara. Je peux dire que depuis le mois de mai jusqu’ aujourd’hui , on a vu les actions que le gouvernement a mené pour ramener le calme, la paix et la sécurité afin de relancer l’économie ivoirienne ou normaliser la situation à Abidjan. Mais du coté de la CDVR, nous n’avons rien vue jusqu’à présent. Ce n’est pas pourtant l’argent qui manque, l’intelligentsia ivoirienne non plus n’est pas en crise. Mais  jusqu’ici  la commission ne fait pas son travail.

Voila pourquoi nous voulons interpeler les autorités de cette commission en les invitant à prendre les choses en mains et de permettre aux ivoiriens de se sentir concerné par ce processus de réconciliation à elles confié.

Jugez-vous  négatif le bilan à mi-parcours de ladite commission ?

Si je dis qu’elle n’a pas de bilan, ce sera un peu insolent de ma part. Mais, je  peux dire que le bilan est négatif. S’ils veulent être humbles, les dirigeants de la commission pourront reconnaitre que leur bilan est négatif. Parce que la commission  existe depuis le mois de mai et son président a été investi le 27 septembre 2011. Pour nous qui avons fait l’occident, on sait que quant on a été nommé depuis plus de 3 mois, et qu’on a prêté serment, on doit déjà avoir un plan d’action afin de démontrer qu’on maitrise la tâche pour laquelle on est nommé. Et une fois qu’on a été investi, on met le plan en œuvre.

Mais depuis que le président de la CDVR  a été investi, il n’a rien fait de concret  qui soit à la hauteur des attentes des ivoiriens, pour le retour de la paix, la sérénité dans les villes et villages, pour la réconciliation. En tout cas nous à l’ACSCI nous n’avons rien vu de percutant depuis son investiture. Nous avons plutôt vu le président de la République qui a fait le tour des pays limitrophes pour aller chercher lui-même les refugiés. Nous avons vu le gouvernement  qui a fait un travail colossal pour qu’on retrouve un semblant de paix.  Résultat, nous voyons que la Côte d’ivoire commence à fonctionner, le gouvernement essaie de faire le maximum pour que l’administration puisse fonctionner. Et la sécurité à Abidjan est quasiment bouclée, les abidjanais  vaquent à leurs occupations. Donc, pour la réconciliation, elle n’est plus à Abidjan. La Côte d’Ivoire compte 20 millions d’habitants, dont 5 millions à Abidjan et les 15 autres  millions sont dans les provinces. Mais jusqu’ici la commission ne les a pas encore rencontrés. Qu’est ce qui ne va pas dans cette commission ?

La première sortie du président  Banny, c’était  Attecoubé pour parrainer une manifestation où il a donné 2 millions. Et les dernières sorties qu’il a fait,  c’est quand il a senti que les ivoiriens  en avaient marre de leur inactivité. On l’a vu à Bangolo, tant mieux car c’est ce que nous recherchons.

Ses vice-présidents, quel est leurs rôles ? Quel est leur programme ? Quel est le chronogramme réel de cette commission depuis qu’elle existe ?

Nous avons un retour des villageois, dans les villes de province, ou les gens se plaignent parce que personne ne va vers eux. Voila pourquoi, je dis que la commission ne fait pas son travail et qu’elle à un bilan négatif.

La critique est aisée, mais l’art difficile. N’êtes-vous pas un peu dur envers la commission ?

Je suis dur envers la commission parce que nous recherchons la paix. Les gouvernants  font ce qu’ils ont à faire, et la CDVR doit faire de même. Il faut que la CDVR sorte d’Abidjan pour investir l’intérieur du pays afin de rassurer les pauvres paysans de ce que la guerre est fini et que la paix et la réconciliation sont obligatoires pour tous.

Le processus de réconciliation est entre les mains de M. Banny. Moi je trouve qu’aujourd’hui qu’après la présidence de la République, l’institution la plus importante du pays, c’est la CDVR. Et cette commission là doit avoir un programme, un chronogramme concret pour ramener les ivoiriens à la sérénité et au travail. S’ils ne sont pas en sécurité, si on ne vient pas les rassurés de ce que le gouvernement en place a besoin  du peuple pour fonctionner, la Côte d’Ivoire n’avancera pas.

Je suis conscient  que pour faire fonctionner une institution pareille,  il faut beaucoup de réflexion, mais on ne peut pas réfléchir pendant plus de 6 mois sans rien faire concrètement. Donc, il fallait que nous leader d’opinion, protecteur des droits de la société civile, disions ce que nous pensons du fonctionnement de cette commission. Il faut que la commission se mette au travail, c’est tout ce qu’on lui demande. Il n’ya pas de haine, pas d’animosité contre personne, c’est une vérité que nous disons. Il faut que la commission travaille.

Qu’attendez-vous de la CDVR pour dire qu’elle travaille ?

Quant il y a un conflit, celui qu’on a délégué pour régler  ce conflit va vers les protagonistes. Aujourd’hui, ces protagonistes se trouvent surtout à l’intérieur du pays.

Il faudrait que le président Banny fasse le tour du pays comme un leader politique en campagne électorale. Qu’il aille se présenté à ses populations-là. Et  chaque fois qu’il va dans un chef-lieu de département ou de région, qu’il aille avec les fils de ces régions. En tout cas ceux qui sont présentement au pays et qui ne sont pas poursuivit par la justice ivoirienne.  Il les prend, il va avec eux,  et il se présente aux populations pour leur dire que le conflit qui a eu lieu est terminé et que désormais c’est lui qui doit résoudre ce problème. Cela est très important. Au moins les villageois sentiront que la palabre qui a eu lieu est finie. Mais, en l’état actuel, puisqu’ils ne voient personne, ils ne savent même pas ou vas la Côte d’Ivoire parce que tout le monde n’a pas la télévision et la radio. C’est à M.Banny d’aller dire aux ivoiriens que la guerre est finie.

Il ne doit même pas avoir de repos dans ce pays. C'est-à-dire du lundi  au vendredi, on doit le voir en province, le week-end, il se repose et le lundi il repart. Parce que c’est de ça mission que va dépendre la réussite du mandat du Président Ouattara, ainsi que la réussite de l’organisation dans 5 ans, d’une nouvelle élection  présidentielle dans la paix et la confiance mutuelle. C’est ce travail que faisait Desmond Tutu. Ils ont fait le tour de l’Afrique du sud pour dire aux gens que Desmond Tutu était délégué pour régler les problèmes de réconciliation. Une fois que ça été fait, on a envoyé des sous-commissions pour essayer de les sensibiliser, et on mettait des orateurs connu. Voila ce que le président Banny doit faire.

Pour faire le tour de la Côte d’Ivoire, il faut 2 mois à une autorité politique. En 2 mois on a fait le tour de la Cote d’Ivoire. Une fois qu’il est de retour, de sa tournée, il faut maintenant envoyer les vice-présidents et les fils des régions parcourues pour qu’eux aussi aillent vers les populations au nom de la CDVR pour leur demander  ce qu’ils ont vécu et quelles sont leurs propositions. Ils vont donc recueillir les témoignages des populations ainsi que leurs propositions pour les ramener  à la commission centrale de la CDVR.  Pour  faire ça on a besoin de 3 mois maximum. Et pour ça on n’a pas besoin de milliards. Même si c’est le cas, l’UEMOA lui a déjà donné 2 milliards, il lui revient donc de mettre la pression  pour avoir son argent et faire ce qu’il a à faire.

En plus, l’Etat de Côte d’Ivoire n’est pas à 2 milliards près non plus car il s’agit de la sécurité des ivoiriens, et de la réconciliation qui est l’action la plus importante. Donc, pour les 3 mois à venir, on doit voir le président Banny et son bureau sur le terrain. Mais quand on dit on doit les voir, il faudrait que le président Banny prennent les fils et filles de ces régions pour aller là-bas, parce qu’il faut être clair, et ça pourrait ne pas vous plaire, mais vous ne pouvez pas prendre un Aladjan pour aller parlé aux Lobi dans un village de Bouna, et vice versa. Ce dernier sera obligé de parler en français et il ne sera pas compris. Ils ne vont pas l’écouter. D’où la nécessité d’y joindre des orateurs, les fils de ces régions qu’ils écoutent et  qu’ils respectent. C’est à partir de là qu’ils trouveront des solutions aux problèmes  de ces personnes.

Seriez-vous tenté de convoiter la tâche du président ?

Pourquoi en  Côte d’Ivoire, chaque fois qu’on vous dit la vérité, vous croyez qu’on a besoin du poste de quelqu’un ? C’est un sérieux problème chez nous. On a mis une personnalité respectable à ce poste, un homme assez sage comme M. Banny pour régler le problème. Mais il faudrait qu’il sache se faire entouré.

Je ne cherche pas son poste. Moi j’ai une mission en tant que leader d’opinion de protéger la population ivoirienne, de dire haut ce que la population ivoirienne dit tout bas. Et comme cela fait bientôt 8 mois que nous les regardons sans rien faire, il faut a un moment donné qu’on parle. Donc, je tenais à ce que le président Banny fasse son travail. Parce que tous ceux qui ont été nommés depuis la prise de fonction du président Ouattara font leur boulot.

Le président travail pour remettre l'économie en marche.  Vous voyez Abidjan. Il y a eu la guerre, on a vu des cadavres dans les rues, mais tout été ramassé, on a remis le pays au travail, et des chantiers sont visibles partout. Pourquoi est ce que la commission ne fonctionne pas, qu’il demande de l’argent à l’état ivoirien. Si l’Etat ne veut pas sortir de l’argent, qu’il le dise aux ivoiriens. Ou alors si le gouvernement ne lui donne pas suffisamment de moyens et qu’il n’a pas assez pour faire ses tournées dans les provinces, le problème ivoirien est mondial, il y a des institutions qui sont en place, des fondations qui sont partout dans le monde et qui sont prêtes à donner de l’argent pour la paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire. S’il a des difficultés à ce niveau, moi je suis à sa disposition, on va faire ces démarches-là, et il ira faire son travail. Mais en réalité quel est son problème ? Il va nous dire que c’est difficile, que ce n’est pas facile de réconcilier les gens. Oui ça ne sera pas facile de réconcilier des gens en palabre, surtout si vous n’associez pas les personnes qu’ils écoutent dans leurs régions. Bref, je ne cherche pas le poste du président  Banny, sauf qu’on l’attend juste à un résultat qui n’est pas encore tombé. Il faut donc qu’on arrête les discours pour passer à l’action.

Je voudrais, pour terminer, inviter les ivoiriens, surtout les jeunes, à arrêter de cultiver la haine et de tenir des discours de division. Leur indépendance et la dignité dont ils parlent, ils ne pourront l’avoir que dans la paix  et par le travail. Quand on est pauvre et que l’on n’arrive pas à se louer une maison, et qu’on est obligé de vire sous la coupole de quelqu’un, on n’est pas indépendant. Cela est valable pour un individu comme pour un Etat. Donc, il faut qu’on se mette au travail, qu’on se respecte les uns et les autres, qu’on arrête d’attiser la haine contre l’occident, que les étudiants partent à l’école et qu’ils se consacrent à  leurs études et non à des meetings comme ils faisaient et se découpaient à la machette. L’ACSCI voudrait leur dire qu’on est à une période où les choses ont changé et que les ivoiriens doivent s’aimer les un les autres, cultiver la paix, retourné à des valeurs citoyennes et républicaines. Nous, nous sommes là pour participer à la réconciliation de la Côte d’ivoire dans ce sens là tout en nous disant la vérité quant il faut.

Entretien réalisé par H.KPODION

Le quotidien L’INTER

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  • Homme de paix et de vérité,Auteur du projet du Dialogue Direct inter-ivoirien,Stratège diplomatique de formation,Seth Koko fut Leader d'opinion,défenseur des droits de la société civile ivoirienne, à travers l'ACSCI dont il est le Fondateur
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